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Du Minotaure au Labyrinthe, les sentiers d’Albert Skira
Roger Montandon • Max Schapiro
Du Minotaure au Labyrinthe, les sentiers d’Albert Skira
Roger Montandon • Max Schapiro
Le peintre Roger Montandon (RM), qui expose au Musée des Beaux-arts à La Chaux-de-Fonds en 1985, raconte de manière passionnante les grandes étapes des débuts de l’éditeur d’art Albert Skira (AS), dont il a été le collaborateur pour la revue « Labyrinthe » de 1944 à 1946. Présenté par Max Schapiro comme un peintre encouragé par Giacometti et AS, RM raconte comment AS, après un apprentissage d’employé de commerce à Genève, devient professeur de danse de salon à La Chaux-de-Fonds puis bouquiniste à Lausanne, où il crée sa maison d’édition. Il décrit ses débuts à Paris avec sa première collaboration avec Picasso (illustration des Métamorphoses d’Ovide), puis Matisse (poèmes de Mallarmé). RM compare l’approche des deux peintres. Parlant de manière très libre, il lit des extraits de textes et commente des planches projetées par diapositives. RM raconte ensuite la création de la revue Minotaure en 1933 et la collaboration avec les surréalistes. Il commente un article de Breton sur l’atelier de Picasso, cite un texte délirant et moqueur de Dali sur le Modern Style, et parle des collaborations avec Ramuz, Valéry, Le Corbusier. Au début de la guerre, AS rentre à Genève, où il édite les oeuvres complètes de Toepffer, publie un Pantagruel illustré par André Derain et des poèmes de Ronsard par Matisse. RM explique comment il a rencontré AS à Genève à 1943 et raconte la création de « Labyrinthe » avec Giacometti, puis la collaboration avec Cingria, entre autres. Il conclut par une description d’AS âgé, écrivant des poèmes, et rendant hommage à Picasso avant de mourir à son tour en 1973.
Alberto Giacometti et le réalisme dans l’art contemporain
Roger Montandon
Alberto Giacometti et le réalisme dans l’art contemporain
Roger Montandon
M. Roger Montandon (RM) est un ancien étudiant du gymnase de La Chaux-de-Fonds. Après avoir brillamment dirigé la revue "Labyrinthe", il s’est définitivement consacré à la peinture. Il présente ici l’oeuvre d’Alberto Giacometti en relation avec le réalisme dans l’art contemporain. RM commence son exposé en expliquant que le premier enseignement qu’on puisse tirer de l’oeuvre de Giacometti, c’est que celle-ci consiste à replacer le chevalet du peintre ou la selle du sculpteur en face de la réalité extérieure. Selon ses propres mots, Alberto Giacometti essaye de " copier pour comprendre ce qui lui échappe". RM va ensuite analyser les oeuvres de Giacometti produites durant sa jeunesse. Alberto Giacometti a alors une révélation sur la vision qu’il a de la mort. En effet, lors d’un voyage en Italie, un de ses amis qui l’accompagne meurt. Cet épisode va ébranler toute ses convictions, un choc brutal dont les conséquences vont être perçues à travers toute son oeuvre. Il s’agit maintenant pour lui de faire un double de ce qui est amené à périr. Il ressent un besoin d’éterniser l’éphémère. RM explique que Giacometti ne s’abandonne pas au jeu de l’imagination, il ne se nourrit pas de pures fantaisies mais de vérités. Son "surréalisme" est toujours à base de réalisme. Dans le monde du subjectif, il cherche à être le plus objectif possible, rien n’est plus étranger à sa nature que l’invention gratuite, il cherche l’exactitude, qui représente un trait fondamental de son caractère. Pour Giacometti il existe 2 visions, l’une mentale, toute faite, qui nous vient d’un certain savoir accumulé, une vision conventionnelle en somme. L’autre est une vision qui est à faire, a découvrir. "Qu’est ce que je vois vraiment ?" est une question qu’il se posera toute sa vie. Selon RM le fait de vouloir retrouver une vision objective des choses, une vision non-déformée est contradictoire par rapport à l’oeuvre de Giacometti. En effet sa célébrité semble surtout reposer sur un style particulier, totalement subjectif, qu’il aurait inventé. Ce malentendu vient du regard rapide et léger qu’on a coutume de porter sur les choses. C’est ce problème du regard sur l’univers que RM développe plus précisément dans la dernière partie de son exposé. Giacometti veut retrouver notre perception première des choses. Car ce que nous savons des choses déforme cette perception, notre savoir agit comme une lunette "invisible et déformante".